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Bornes de recharge : un enjeu croissant pour les syndicats de copropriété

Comprendre les impacts techniques et décisionnels de la recharge électrique en copropriété

Nouvelles

Avec des informations de La Presse

La transition vers les véhicules électriques transforme rapidement les habitudes de mobilité au Québec. Si cette évolution est encouragée sur le plan environnemental, elle soulève toutefois des défis bien concrets pour les syndicats de copropriété, notamment en matière de capacité électrique, de gouvernance et de prise de décision collective.

Dans les immeubles en copropriété, l’installation de bornes de recharge ne peut se faire sans une réflexion structurée. Contrairement aux résidences unifamiliales, les stationnements des copropriétés reposent sur une infrastructure électrique commune, souvent conçue à une époque où la recharge de véhicules électriques n’était pas envisagée.

Une capacité électrique à adapter

Selon Blaise Rémillard, responsable transport et urbanisme au Conseil régional de l’environnement de Montréal, le problème est bien réel : « Dans les immeubles de condos, des investissements importants sont nécessaires pour modifier le système électrique afin de permettre l’installation de bornes de recharge dans les stationnements. »

Le même constat s’applique à l’échelle des quartiers. Lorsque de nombreux résidents installent simultanément des bornes de recharge, la demande accrue en électricité peut exiger des travaux majeurs sur le réseau. Louis-Olivier Batty, relationniste chez Hydro-Québec, confirme que cette croissance de la demande peut mener au remplacement de transformateurs par des équipements plus puissants.

« Il y a différentes raisons qui nécessitent de remplacer un transformateur : un nouvel ensemble résidentiel, l’ajout d’équipements énergivores comme des piscines ou des spas. De la même manière, l’ajout de nombreuses bornes de recharge pour véhicules électriques peut justifier une telle intervention », précise-t-il.

Dans le contexte des copropriétés, les solutions existent. Plusieurs entreprises offrent désormais des systèmes de gestion intelligente de la recharge branchés à l’entrée électrique commune, permettant de répartir la puissance disponible entre les bornes et d’éviter les surcharges.

Toutefois, comme l’explique Blaise Rémillard, ces solutions impliquent des investissements que les copropriétaires ne sont pas toujours prêts à autoriser. « Dans le multilogement, qu’il s’agisse de condos ou d’appartements, il faut parfois augmenter la capacité de l’entrée électrique ou installer des systèmes de gestion de la recharge. Les propriétaires et les syndicats ne sont pas toujours disposés à engager ces dépenses. »

Cette réalité crée des tensions au sein de plusieurs syndicats de copropriété.

Un enjeu de gouvernance en copropriété

Me Michel Paradis, avocat au cabinet Therrien Couture Joli-Cœur, vice-président du conseil d’administration du RGCQ et président du chapitre de Québec, accompagne régulièrement des syndicats confrontés à ce type de blocage. Il observe que, dans plusieurs cas, une minorité de copropriétaires suffit à freiner des projets pourtant structurants pour l’avenir de l’immeuble.

« Dans bien des situations, il faut obtenir 75 % des voix pour autoriser les travaux nécessaires. Une minorité peut donc bloquer un projet qui répond pourtant à une évolution incontournable du parc immobilier », explique Me Paradis. Selon lui, une réflexion législative pourrait être souhaitable afin de permettre ce type d’investissement avec une majorité simple, compte tenu de son caractère structurant et collectif.

Les représentants des entreprises Axso et Recharge Véhicule Électrique (RVE), qui offrent des systèmes de gestion de recharge adaptés aux copropriétés, confirment que cette dynamique décisionnelle constitue l’un des principaux freins au déploiement des infrastructures.

Miser sur la planification et la pédagogie

Certaines copropriétés parviennent toutefois à surmonter ces obstacles. À Belœil, un syndicat regroupant 160 unités et 253 espaces de stationnement a récemment implanté un système de gestion centralisé. Selon l’un des copropriétaires impliqués dans le projet, la multiplication d’installations individuelles non uniformes posait un risque pour la stabilité électrique de l’immeuble.

« Il est rapidement devenu clair que des solutions individuelles ne suffiraient pas. Il fallait un système branché à l’entrée électrique commune, capable de gérer l’ensemble des bornes », explique-t-il.

Le projet a été accepté sans difficulté majeure, notamment grâce à une présentation claire des enjeux techniques et financiers faite aux copropriétaires. Une borne par logement a été prévue, assurant ainsi l’équité et la pérennité de l’installation.

Selon Marie-Claire Uwanyirigira, fondatrice d’Exagone Gestion d’Actifs, le coût moyen de ces adaptations se situe autour de 3 000 $ par espace de stationnement, sans inclure le coût de la borne elle-même. Un investissement significatif, mais qui s’inscrit de plus en plus comme un élément incontournable de la gestion moderne des immeubles en copropriété.

Alors que l’électrification des transports s’accélère, les syndicats de copropriété seront de plus en plus appelés à se positionner sur la question des bornes de recharge. Planification à long terme, information des copropriétaires et gouvernance adaptée apparaissent comme des leviers essentiels pour éviter les conflits et assurer une transition harmonieuse.

Pour le RGCQ, ces enjeux illustrent une fois de plus l’importance d’une gestion proactive et éclairée de la copropriété, à la croisée des réalités techniques, juridiques et humaines.

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